Derrière cette distillerie artisanale située à Montpellier, se cachent deux distillatrices américaines, Lana Labermeier et de Sunshine Erickson. Un travail à quatre mains autour d’une idée simple, concentrer le meilleur de la garrigue et du terroir environnant dans un flacon. Déclinant sans complexe la baie de genévrier, les deux expressions produites par les comparses nous livrent un aperçu inédit oscillant entre le thym, la pinède pour l’un, le floral, le romarin ou la lavande pour l’autre. Une flânerie où s’échappent les volutes subtiles de la garrigue et où la Méditerranée n’est jamais très loin. La Thériaque, cette antique recette de contrepoison, prend ici tout son sens. Rencontre avec Lana l’une des fondatrices de la distillerie, qui évoque pour nous le sens de son projet.
Comment es-tu venu au gin ?
Nous étions dans le vin, moi en tant que sommelière et Directrice Commerciale pour un petit domaine, et Sunshine en tant que commerciale. Nous sommes deux américaines à l’origine. Autant dire que nous avons toutes les deux bu pas mal de gin and tonics, très populaire aux Etats-Unis. Nous sommes arrivées à la distillation un peu par hasard. Vivant dans le sud depuis des années, nous nous sommes penché sur les plantes de la garrigue qui nous entoure. En parcourant la région, on s’est vite rendu compte que tout ce que nous recherchions était à porter de main pour créer un gin. Et donc nous nous sommes lancées !
Ton équipement se compose de quoi ?
Nous sommes dans une production vraiment artisanale, avec 2 alambics à repasse en cuivre, le principal de 300 litres et le second de 20 litres beaucoup idéal pour des essais et hyper petites productions. Le domaine de la vigneronne Catherine Bernard (Domaine Catherine Bernard) abrite les alambics.
Quelles sont les principales étapes de production ?
Pour faire nos deux références (La Garrigue et Pic Pic), tout commence avec environ 12 hectolitres de vin nature, produit localement. Le choix du vin nature nous a paru évident, à la fois proche de notre philosophie et nous évitant de distiller des entrants comme le soufre par exemple. Pour faire un lot de 450 bouteilles, on distille une première fois pour obtenir un « brouillis », tout ça prend 4 jours. Après on ramasse tout et on le distille lentement une deuxième fois (« la repasse ») pour arriver à une eau-de-vie de vin. Vient une troisième distillation de cette eau de vie dans laquelle nous additionnons les plantes et les fruits. Nous privilégions les plantes fraîches, congelées, sans macération cela extrait trop de saveurs amer/vert. On passe ensuite à la réduction avec une eau de source faible en minéraux, lentement sur une semaine minimum. Enfin c’est la mise-en-bouteille, numérotage, étiquetage, et cirage. Il faut compter 8 jours au total pour un lot de 450 bouteilles, sans compter le temps de réduction. C’est un process très manuel donc artisanal.
Comment définir le profil de ta référence ?
Pic-Pic est notre gin de style traditionnel, entièrement fait à la main. Sur le nez le genévrier sauvage est séduisant et complexe, piné et floral. L’arbouse, fruit typique de la région, ajoute de la luminosité et une saveur d’agrumes familière, mais distinctive. La qualité de l’alcool de base rehausse les arômes des plantes, créant une finale persistante. Pic-Pic est idéal pour les cocktails. Il est aussi délicieux accompagné d’un tonique artisanal.
La seconde expression, Garrigue est plus complexe, réalisé à base d’herbes locales cueillies à la main, de fruits, et fleurs de la garrigue. Au nez, on retrouve les senteurs familières de la garrigue française. Le genévrier est dominant, mais son association avec le romarin, le thym, le fenouil, la fleur d’acacia, la lavande, la figue et d’autres plantes crée une symphonie aromatique. La qualité de l’alcool de base sublime les arômes végétaux, créant une finale persistante. La Garrigue se boit seul ou avec des glaçons, il est aussi le compagnon idéal de cocktails originaux.
Quel impact le terroir local a-t-il sur votre travail ?
L’idée c’était toujours de mettre en valeur notre terroir, de n’utiliser que ce qu’on peut trouver naturellement autour de nous. Donc on exprime vraiment notre petit coin du sud de la France. La plupart de nos plantes sont issues de la cueillette sauvage. Sinon, nous travaillons avec des vignerons locaux.
Quelle est la typologie de tes consommateurs ?
On dirait les personnes sensibles à l’artisanat et à l’environnement, car ce sont des produits complètement naturels, Les amateurs de spiritueux artisanaux et non conventionnels s’y retrouveront.
Quels sont tes projets pour la marque ?
On va bientôt sortir des vermouths (blanc et rouge!) et pas mal de collaborations en cours, pour produire d’autres spiritueux comme des eaux de vie, des fleurs de bière, etc. L’aventure continue, Stay tuned!