Dans son joli coffret, ce jamaïcain quadragénaire vient tenter les amateurs et titiller les collectionneurs.
Alexandre Gabriel, le boss de Maison Ferrand, est un homme qui aime échanger et partager – ses connaissances, ses interrogations, ses techniques, ses emballements. Mais ce rhum-là, il l’avoue sans détour, il aurait préféré le garder. A l’abri, dans ses chais. Le savoir à portée de battements de cœur.
« Ce sont mes équipes qui ont insisté pour qu’on l’embouteille, comme un marqueur un peu exceptionnel pour notre marque », avoue-t-il. La gamme de Planteray, ex-Plantation (lire ici le pourquoi et le comment du changement de nom, s’enrichit donc d’un jamaïcain de 40 ans né en 1984, le plus vieux jamais enflaconné par la maison cognaçaise.
Distillé en pot still à double retort John Dore – la bête a été depuis déménagée à Long Pond –, c’est un Wedderburn, un MNW pour les geeks, une mark de rhums « poids moyens », qui a vieilli 35 ans sur son île natale en fût de bourbon, en bénéficiant d’un ouillage tous les 3 ans, comme y oblige une règlementation des Douanes en Jamaïque.
Il a ensuite été rapatrié en Charente pour se voir logé 5 ans de plus en barrique de cognac très fatiguée. « A Cognac, on ne cherchait plus la prise de chêne mais la micro-oxygénation », révèle Alexandre Gabriel. Histoire d’intégrer les tannins indissociables des très longs vieillissements.
On plonge dans le verre? Allez. Doucement, prudemment, pour mieux apprivoiser l’animal, lui laisser le temps de s’ouvrir, de muter à l’air, de dévoiler tous ses secrets. Antidotes à la folie des temps présents, les grands spiritueux ne se révèlent jamais aux gens trop pressés.
Le nez, d’une extrême concentration, évolue sur les fruits secs, le camphre, le baume du Tigre, sur une trame de chêne qui ne domine pas. Le cachou, la réglisse, la figue séché, les zestes confits s’invitent ensuite. Magnifique!
La bouche a gardé plus de bois, très tannique, fidèle pour le reste à l’olfaction, avec des notes concentrées plus exotiques (banane bien mûre, ananas, noix de coco) et des banderilles herbacées. Interminable, évolutive.
Ce Clarendon 1984 est coiffé d’un bouchon taillé dans les douelles et déposé dans un coffret avec sa fiole spéciale spéculation. Sur les 317 bouteilles numérotées extraites du fût, seules 30 resteront en France. Compter 1.990 € le coffret – « le prix du bonheur », selon Gabriel.
• Coffret Planteray Clarendon 1984 40 ans, 70 cl + une fiole, 57,2%, 1990€.