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C’est l’exemple de distillerie carte postale, un lieu féérique qui nous fera rêver longtemps encore. Alors que le monde n’a de cesse de s’agiter dans tous les sens, que le coût des taxes imposées par l’administration américaine risque de rebattre les cartes du whisky et des spiritueux à l’échelle mondiale, qu’il est bon de faire un détour par Edradour. Discrète, c’est l’une des plus modestes distilleries des Highlands et pourtant, son évocation suscite intérêt et excitation. Une série d’embouteillages en collaboration avec la cave St. Michael- Eppan, glisse gentiment les projecteurs vers Pitlochry, le village idyllique berceau d’Edradour.

C’est avant tout un bâtiment niché en plein cœur des Highlands. Une architecture à l’image des nombreuses fermes distilleries bâties au dix- neuvième siècle. Comme un reliquat du passé. Ses murs ont été érigés probablement vers 1825 par un fermier. D’abord baptisée Glenforres, elle réapparaît en 1837 sous le nom d’Edradour. 

Une suite de propriétaires prend en main le destin des murs blanchis à la chaux de la distillerie. En 1933, William Whiteley fait main basse sur les lieux, histoire d’abreuver en malts les blends de l’époque. 

 

Mafia connexion

 

Pendant les années de la prohibition, les assemblages de Whiteley étaient distribués aux États-Unis par Frank Costello, célèbre figure de la Mafia, le même qui inspira Mario Puzo, auteur du best-seller Le Parrain, mystifié ensuite sur grand écran par Francis Ford Coppola. 

Il existe de solides indices suggérant que Costello a indirectement possédé la distillerie Edradour pendant un certain temps, à partir de la fin des années 1930, par l’intermédiaire de son associé Irving Hate, lui-même en business avec Whiteley.

Pernod Ricard dans la danse

 

Au début des années 80, Campbell Distilleries (racheté par la suite par Pernod Ricard) acquiert Edradour et ouvre un centre de visite, qui reste à ce jour l’un des plus emblématiques du circuit touristique écossais.

Campbell ont maintenu une production à pleine capacité tout au long de leur mandat afin de soutenir l’assemblage du blend House of Lords, aujourd’hui oublié. Cependant, à la suite de l’acquisition des activités de whisky écossais de Seagram par le groupe français, Edradour a été déclarée excédentaire en 2002 et un nouveau chapitre s’ouvre. 

 

Signatory aux commandes

 

Les embouteilleurs indépendants Signatory Vintage ont alors racheté la distillerie, et la gamme Edradour a été considérablement élargie.

Andrew Symington, propriétaire des lieux, témoigne dans The Whisky Chronicles il était de plus en plus difficile pour un négociant d’avoir accès aux chais des grandes distilleries.Cela faisait quelques années que nous observions cette situation. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité avoir ma propre unité de production en achetant Edradour en 2002.” 

La vision du nouveau propriétaire est de dessiner les contours d’une distillerie iconique, un « must see », portant le projet au niveau des distilleries d’Islay, ou de Springbank. Malheureusement, le stock n’était globalement pas fameux et souffrait d’une mauvaise réputation.

“peut-être un jour nous sortirons un Edradour 18 ans en gamme permanente, mais il faut laisser faire le temps : il n’existe pas de raccourci pour faire un bon whisky.” Andrew Symington

Les premiers Edradour 10 ans virent logiquement le jour en 2012. En 2003, Symington lance Ballechin, la version tourbée d’Edradour, du nom d’une ancienne ferme distillerie, ouverte en 1880 et fermée en 1927, qui se trouvait à proximité d’Edradour.

A l’époque, c’est Iain Henderson le manager de la distillerie. Avant Edradour, il avait travaillé dans 13 distilleries, parmi lesquelles Laphroaig et Ardbeg. Rappelons que Ballechin ne dépasse pas 20% de la production aujourd’hui.

 

Grain and grappe

 

Classé parmi les whiskies classiques des Highlands, Edradour continue de prendre la parole et d’occuper le terrain de l’actualité.

Ces jours-ci sortent en France 4 embouteillages dédiés aux affinages en fûts de vins, sourcés directement dans le Tyrol italien chez St. Michael-Eppan. 

Fondée en 1907, cette cave coopérative exploite 385 hectares de vignes sur des parcelles à l’intérieur et autour de la ville italienne Eppan. 

St. Michael-Eppan est aujourd’hui l’une des caves les plus connues d’Italie avec des vins primés au niveau national et international. Le guide italien des vins Vini d’Italia l’a élu « Cooperative Winery of the year 2021 », un titre déjà obtenu il y a 20 ans.

Des fûts et des cépages

 

Le choix s’est porté sur des fûts ayant contenu des vins de cépages différents : Cabernet Sauvignon, Sauvignon, Merlot, Pinot Noir, 4 cépages pour 2 types de fûts (2 sont des fûts de premiers remplissages : Cabernet Sauvignon et Merlot). 

La série réaffirme les liens étroits qui unissent les univers viticoles et maltés mais rappelle également que le pouvoir attractif de l’une des plus modestes distilleries d’Ecosse n’a rien perdu en chemin.

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