Le 13 juillet dernier, The Welsh Whisky Company inaugurait la troisième distillerie Penderyn sur le site de l’usine de cuivre historique Hafod Morfa à Swansea. Un apport majeur pour la distillerie du Pays de Galles qui s’ajoute ainsi une capacité de 400 000 litres d’alcool pur par an. Visite.
Au Pays de Galles, il y a le rugby (nous verrons en septembre où ils en sont) et les moutons. Il y a les chœurs d’hommes d’un certain âge chantant à tue-tête des hymnes traditionnels. Il faut compter aussi sur Penderyndont le succès est si fulgurant, que la marque est devenue en quelques années le 8ème whisky le plus vendu au Royaume-Uni, alors qu’elle n’a que 19 ans. Un sacré succès pour cette marque dont il se dit que l’idée serait née d’une discussion dans un pub local.
Située à l’emplacement d’une ancienne usine de cuivre, cette nouvelle unité de production, qui rejoint la distillerie d’origine, près du parc national de Brecon Beacons, et la distillerie Llandudno, plus petite, inaugurée en mai 2021. On devrait bientôt atteindre à elle trois une production de près de 900 000 litres d’alcool pur par an.
A son apogée, cette usine de cuivre avait joué un rôle central dans la région de Swansea, mais produisait surtout près de 90% du cuivre britannique et près de la moitié du cuivre… mondial. A l’époque même, la ville de Swansea avait été rebaptisée Copperopolis (de copper, le cuivre, vous me suivez ?). Aujourd’hui, c’est un bâtiment totalement réhabilité pour un coût global de près de 18 millions d’euros, conservant son architecture industrielle d’origine. Et le résultat est bluffant. Telle une cathédrale aux murs peints à la chaux, la distillerie elle-même exhibe fièrement ses deux alambics Faraday (créés par David, le descendant de Michael Faraday) en attendant les deux autres alambics qui doivent les rejoindre dans les jours qui viennent. Quoi de plus naturel en somme que de voir cette ancienne fabrique de cuivre accueillir des alambics. En cuivre bien entendu. Ici on ne cède pas aux sirènes de l’acier…
Sur un site de plusieurs hectares, vient s’adjoindre des chais, un bar et une boutique ainsi qu’un ultra-design visitor center. On comprend donc que l’une des cibles majeures, c’est aussi le tourisme. Il faut dire que le Pays de Galles possède des atouts totalement méconnus et donc une vraie marge de progression. « Le tourisme est aussi important que la production de whisky avec cette distillerie, explique Giancarlo Bianchi, directeur commercial chez Penderyn. C’est une formidable branding tool. Une façon de faire connaître la qualité de nos whiskies et de transformer les visiteurs en brand ambassador ».
Où tout commence dans un pub
Penderyn serait né, disais-je, après une discussion de comptoir. Souvent ces discussions finissent en brèves, mais pas cette fois. Le projet murit, un alambic acheté aux enchères à la fin des années 1990, rejoint bien plus tard par d’autres, la distillation commence enfin au début des années 2000. Très vite, les fondateurs font appel à Jim Swan. « Jim Swan a été important pour la compagnie depuis le commencement jusqu’à sa mort en 2017, explique Giancarlo Bianchi. Il était directeur de notre compagnie pendant plus de 15 ans, presque 20 ans en fait ».
Le succès est là. Rapide. « On a commencé vers les années 2010 à distiller 24 heures par jour, poursuit Giancarlo Bianchi. On s’est aperçu que très vite, on n’avait pas eu assez de whisky à disposition pour la marque. C’est à ce moment-là qu’on a décidé de se procurer d’autres alambics. C’est là qu’on a agrandi notre distillerie ». Dès 2013, Penderyn triple sa production et commence à brasser elle-même. Un deuxième Faraday rejoint le premier en 2013 suivit par deux alambics traditionnels l’année suivante.
« La distillerie originale de Penderyn, produit presque 400 000 litres d’alcool pur par année. Pour y parvenirexplique Giancarlo Bianchi, on doit opérer, distiller 24 heures par jour, 7 jours par semaine, toute l’année pratiquement. Avec un break à Noël tout de même. De son côté, la distillerie de Llandudno peut produire jusqu’à 120 000 litres d’alcool pur par an ».
A terme, la distillerie augmentera le nombre de bouteilles que Penderyn – société privée détenue par plus de 60 actionnaires – est en mesure de produire chaque année de 130 %, passant d’environ un million à 2,3 millions de bouteilles par an.
« L’ouverture de notre nouvelle installation à Swansea est un grand pas en avant pour Penderyn en tant qu’entreprise et en tant que marque, se félicitait Stephen Davies, directeur général de la distillerie le jour de l’inauguration. Nous ajoutons une capacité de production importante pour permettre à l’entreprise de poursuivre sa trajectoire de croissance élevée et continue, ainsi que de nouvelles installations magnifiques pour les visiteurs, qui leur permettront de découvrir l’histoire de notre marque et de savourer des single malts gallois de classe mondiale ».
Sur les étiquettes prochainement, figurera probablement le nom de la distillerie de production. « Et si on combine les deux, rêve Giancarlo Bianchi, pourquoi pas lancer un blended malt ? Mais on a encore quelques années avant de décider quoi faire ».