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Vous connaissez l’adage : il n’existe pas de mauvais whisky… mais il y en a de meilleurs que d’autres. Et, manque de pot, vous venez d’en faire l’expérience en achetant – ou en vous voyant offrir – une bouteille qui vous déçoit, qui ne vous sied pas à la glotte. Pas de panique, il est parfois possible de rattraper le coup (pour les miracles, prévoir un délai).

1 Trop boisé ? Trop alcooleux ? Faites-lui prendre l’air

Vous avez investi dans un collector âgé et, quand vous décidez d’ouvrir la quille – je vous aime –, ô déception : le jus de vieux copeaux vous prend d’assaut les naseaux. Trop boisé. Splittez le liquide dans une autre bouteille pour laisser entrer suffisamment d’air, attendez 1 heure ou 2 avant de reboucher, voire davantage, secouez. Et recommencez la manip régulièrement sur plusieurs mois.

Avec l’oxydation, le whisky va s’assouplir, et les tannins s’intégrer. Vous le constaterez aisément si vous prélevez dans une fiole un sample témoin. L’opération fonctionne très bien avec les spiritueux trop alcooleux, trop brûlants, le temps de laisser disparaître les éléments volatiles agressifs.

2 Jouez les apprentis blenders

Tentez de repartir de zéro avec la bouteille déceptive en créant votre propre assemblage, de préférence un blend – c’est plus simple. Lancez-vous à petite échelle, armé d’une pipette et d’un verre mesureur, sachant que vous allez fusiller moult tests avant de perfectionner la formule.

En fonction du profil de départ, ajoutez par petites touches des éléments complémentaires : whisky de grain (ou blend léger), single malt anabolisé au fût de xérès, tourbé (mollo !), speysider riche et fruité… Surtout, laissez reposer l’assemblage plusieurs jours ou semaines pour le stabiliser. En vous souhaitant bonne chance.

3 Noyez votre whisky sans complexes

Faites diversion et noyez le problème. Pour une dose de fatal whisky, couvrez de cinq à sept doses par autre chose de plus agréable et sans alcool. Ne vous infligez pas la double peine en ajoutant à la gnôle tue-mouche un soft drink qui vous délogera les plombages. Il s’agit de « pimper » votre spiritueux, pas de vous poncer chimiquement l’œsophage.

Ginger ale ou, mieux, ginger beer (pour un effet plus épicé), tonic, ice tea, eau gazeuse, eau de coco sont vos alliés. Pensez au Pimento (gingembre et piment), une tuerie pour anesthésier le whisky en mode caliente. Le cola ? Yes, oui, da, mais sur du tourbé !

Au Japon, on concocte de très rafraîchissants Mizuwaris ou Highballs avec des blends qui, servis secs, vous poinçonneraient la trachée. Croyez-moi, c’est meilleur qu’un Spritz.

4 Torturez-le en l’aromatisant

Les « boissons spiritueuses » à base de bourbon ou de whisky aromatisées au miel, au citron vert, au gingembre, à la pomme… ont conquis un public. Le français Lefort vient de sortir 2 versions, habillées à la vanille (macération d’écorces de fèves de cacao et de gousses bio) et au cassis (macération puis extraction de feuilles de cassis + concentré de mûre et de cassis).

Testez les macérations à froid ou à chaud, épicez, sucrez (ou pas) selon vos goûts. Servez frais et sur glace… Et n’oubliez jamais qu’à l’origine les Écossais consommaient leur whisky tambouillé pour en oublier le goût.

5 Enfermez-le dans la pharmacie

Tout ce que le whisky ne soigne pas est incurable, prétend un dicton qu’on se renvoie de l’Écosse à l’Irlande. Servez-le en grog avec de l’eau chaude, du citron, des plantes, sucre, etc, pour soigner les coups de froid. Et dites-vous que l’alcool apaise les aphtes grâce à ses vertus antiseptiques. Certes, ça fait cher le bain de bouche, mais au moins vous savez pourquoi vous le recrachez, ce whisky.

6 Réinventez-le en cocktail

On dit que les bons produits forment la clé de voûte d’un bon cocktail, et c’est vrai… jusqu’à un certain point. L’expérience m’a souvent démontré que le spiritueux de base pouvait se contenter d’apporter la dose d’alcool nécessaire au drink, à condition que les autres ingrédients soient de qualité – sinon, on ne ferait pas de cocktails à la vodka.

Moyennant quoi, vous concocterez des Sours, Blood & Sand, Julep, Penicillin, etc, qui tiennent la route avec un bourbon ou un scotch chichement noté dans vos carnets de dégustation.

7 Passez votre whisky à la casserole

Gardez la bouteille honnie pour les marinades, pour faire gonfler les raisins en pâtisserie, pour flamber les volailles, pour remplacer une partie du balsamique dans la vinaigrette (miraculeux), pour secouer les grillades au barbecue, déglacer la poêle…

Convertissez un tourbé bof-bof-moyen-moins en sauce BBQ de malade. Faites revenir un gros oignon dans du beurre, poudrez de paprika et de 200g de sucre brun. Puis, ajoutez le jus d’une orange et 100 ml de vinaigre de cidre. Laissez réduire de moitié et mélangez ensemble de la sauce worcester, du ketchup, de la mélasse et de l’ail écrasé dans des proportions floues.

Mêlez cette préparation à la réduction. Laissez frouiller sur feu doux une dizaine de minutes, puis dopez d’une énooooorme giclée (traduction : un quart de la quille au bas mot). Prolongez la cuisson pendant 10 mn puis laissez refroidir, avant de savourer cette sauce nucléaire.

8 Battez-lui froid sans vergogne

Conservez la bouteille au congélo. Le froid va faire perdre au whisky toute sa complexité aromatique, mais ça tombe bien : il en était dépourvu. Il modifiera en même temps la texture du spiritueux, qui deviendra plus épaisse, plus liquoreuse. Vous n’aurez plus qu’à le servir en schnaps dans des timbales givrées – parfait pour accompagner les desserts chocolatés ou glacés.

9 Faites passer

Les déchets des uns sont les trésors des autres, et vice versa – c’est encore plus vrai en matière de spiritueux, lorsqu’on a des goûts des affirmés dont on rechigne à s’écarter. Vous n’appréciez pas ce whisky, mais dans votre entourage quelqu’un, forcément, y prendra plaisir. Offrez-lui la bouteille, pensez partage et économie circulaire.

10 Frictionnez votre bétail

Quand ils admettent que les Irlandais ont bel et bien été les premiers à distiller du whisky, les Écossais ajoutent aussitôt : « Eux s’en servaient comme onguent pour frictionner les muscles des chevaux, leur gnôle était tout juste bonne à ça. » Les Highlanders prétendent avoir perfectionné la recette jusqu’à obtenir le nectar qu’on connaît – « Les Irlandais, eux, n’ont jamais changé la leur ». L’amour vache. Warning : chiens, chats, lapins nains et hamsters, en principe, ne se classent pas dans la catégorie bétail. Avais-je besoin de le préciser ?

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