Le catalogue Créations 2025 de LMDW se dévoile

Voilà bien l’un des temps forts de la rentrée spiritueuse, l’un de ces rares moments que guettent les amateurs de voyages liquides et d’échappées à l’écart des sentiers trop tannés : la présentation du catalogue créations de La Maison du Whisky (LMDW), en marge du Whisky Live Paris.

« C’est le Whisky Live qui s’est greffé sur le catalogue créations, et non l’inverse, corrige illico Thierry Bénitah, le patron de LMDW. A l’origine, le Paris Whisky Festival [ancêtre du salon devenu le plus grand festival de dégustation, nda], servait à lancer et à faire briller le catalogue. »

Un objet dont la conception et l’évolution racontent les mutations du monde des spiritueux, et en premier lieu du whisky (lire l’interview de Thierry Bénitah). A l’origine, il faisait la part belle aux grandes marques qui le finançaient largement, avec les restrictions que l’exercice imposait. Quand le marché du whisky explose pour entrer dans une autre dimension, il y a une vingtaine d’années, l’exigence change.

« On tournait un peu en rond », avoue Thierry Bénitah. Quitte à attraper le tournis, autant gravir la montagne. « On a mis la barre haut en demandant aux marques et distilleries des exclusivités : ouvrez vos chais, proposez-nous des choses uniques. J’ai opéré la transition quand je me suis senti assez fort pour m’appuyer sur mes marques propres si les grands ne voulaient pas jouer le jeu. »

Spoiler ? Elles ont joué le jeu pour la plupart. Et, depuis 2012 environ, le catalogue créations accueille à plus de 80% des exclusivités embouteillées par LMDW, single casks et petites cuvées, organisées autour de thématiques qui se sont affinées le temps passant : On the Road, The Whisky Chronicles, French Connections, Antipodes, New Vibrations… Foundations.

Foundations. En français : fondations, socle, racines, ancrage, car ce mot qui sert de fil conducteur aux créations 2024-2025 ne saurait s’entendre que dans son acception large.

Fondations, au sens architectural du terme d’abord, puisque l’ombre portée de Charles C. Doig (1855-1918) nous guide au gré des pages. Concepteur des toits en pagodes qui coiffent toujours nombre de distilleries – par utilité, par tradition ou en hommage – du Speyside à Islay, des Orcades à Arran, de Taïwan au Japon, l’architecte écossais dessina dans sa vie une unique résidence privée, le manoir néogothique de Rothes Glen, près d’Elgin.

Là, en ce lieu unique, émerge l’été dernier l’idée du futur catalogue. Un an de travail, de sélection, de recherches plus tard, c’est donc naturellement sous bannière Rothes Glen que la gamme Artist décline ses singles casks bruts de fût : Laphroaig 10 ans 2013, Aberlour 15 ans 2008, Highland Park 20 ans 2003, Glenburgie 25 ans 1995, Longmorn 30 ans 1994, Macallan 30 ans 1991 – des noms qu’on avait perdu l’habitude de voir sur les étiquettes de négoce.

Architecture toujours. Les plans et dessins des grandes distilleries conçues ou réaménagées par Doig se révèlent au détour des pages, superbe mise en valeur patrimoniale du whisky. Architecture de nouveau quand le squelette métallique de la Grande Halle de la Villette habille un Bunnahabhain 20 ans 2004 Signatory Vintage en embouteillage officiel du Whisky Live Paris, 20 ans lui aussi.

Fondations ancrées dans les traditions, dans l’art de vivre, dans l’art tout simplement. Car les bottlings « créations » de LMDW ne jureraient pas dans une galerie. Les œuvres radicales d’art brut, les encres japonaises, les acryliques sur quartz, les photographies qui habillent les bouteilles donnent vie à ce vibrant patrimoine liquide et aux embouteillages exclusifs soigneusement sélectionnés.

L’artiste trinidadien Che Lovelace ranime Caroni de ses compositions lumineuses. Le photographe de l’agence Magnum Alex Webb prête à Velier ses scènes quotidiennes apposées sur les black bottles de Hampden LROK 13 ans, Saint James 12 ans, Monymusk MBS 10 ans, Beenleigh 8 ans… La peintre cubaine Aconcha fait chavirer la cuvée Hoy Como Ayer, un rhum cubain vintage 1956. L’artiste nigérian Victor Ekpuk et le Suisse Logovarda sèment le chaos sur la gamme #14 d’Artist.

« Au sein de nos équipes, des têtes chercheuses écument les galeries, souligne Thierry Bénitah. Et nous bénéficions d’un partenariat avec la revue Beaux-Arts, qui nous a ainsi suggéré l’artiste allemande Katrin Bremermann, dont les abstractions géométriques minimalistes ornent la gamme 7.0 d’Artist Collective. »

Pour emmailloter la puissance de Chichibu, LMDW a sollicité un trésor national du Japon : Kunihiko Moriguchi, octogénaire qui a révolutionné la technique ancestrale du yuzen, autrement dit de la teinture sur kimonos. Ses audacieux motifs s’impriment sur 4 single casks livrés sans retenue, bruts de fûts, affolant – déjà – les collectionneurs.

Dessin et architecture se rejoignent sur la traditionnelle édition Paris de Chichibu, small batch fondant 15 fûts, soit 2.484 bouteilles (50,5%) livrées sous 6 étiquettes où les monuments de la capitale française se reflètent dans leurs homologues japonais, à moins que ce ne fût l’inverse. A l’encre sur papier traditionnel washi, Notre-Dame ou le Palais impérial, l’Arc de triomphe ou le portail du sanctuaire Meiji Jingu, la tour Eiffel ou la Tokyo Tower défient le temps.

Tradition et impression fusionnent pour identifier la défunte distillerie de rhum japonaise Nine Leaves, avec les 5 premiers embouteillages black bottle de la collection Unsun Karuta, un jeu de cartes apparu sous l’ère Edo. Et tant d’autres merveilles, qui se découvrent presque à taille réelle (au format 9/10^e) en feuilletant.

Ce catalogue, vous aurez envie de le conserver. Parce qu’au-delà de sa beauté il est signifiant. Parce qu’il fusionne les arts et les spiritueux, les hommes, les lieux et les liquides, les incitant à se dépasser, à ne jamais laisser indifférent. A partager ce qu’ils ont à donner de meilleur.

• Découvrez ici la version numérique du catalogue créations 2025 de LMDW