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Attention, ne tentez pas la traversée de la Grande Halle sans guide, sous peine d’en rater la moitié. Voici donc un panorama non exhaustif des sorties annoncées au 20e WLP, et des stands à ne surtout pas rater.

Un 20e Whisky Live Paris (WLP), on a décidé que cela se fêtait. Dignement. Et un verre à la main. Dans un long entretien, son fondateur Thierry Bénitah, par ailleurs patron de La Maison du Whisky, nous détaillait récemment la genèse et l’évolution de cet événement hors normes, à la fois baromètre et prescripteur des tendances spiritueuses. Mais à J moins peanuts, je sais que vous ne vous posez plus qu’une seule et unique question : quoi de neuf à découvrir ?

Permettez-moi un préambule à l’attention des nouveaux venus : vous allez en prendre plein la vue, mes petits scarabées, alors surtout ne présumez pas de vos forces, et n’essayez pas de tout voir, tout goûter, tout tenter. C’est mission impossible. Avec quelque 320 exposants et entre 200 et 300 nouveautés présentées, le terrain est joyeusement miné sur 16.500 m2 au total en comptant les deux barnums extérieurs. Autant dire que vous allez crapahuter vos 10.000 pas.

Quoi de neuf dans l’organisation de l’espace ? Après la Rhum Gallery, la Cocktail Street, le Saké District, le Carré Collectors, etc, le WLP 2024 accueille le Patio des Agaves, plus de 200 m2 en mezzanine dévolus aux téquilas et mezcals, la tendance du moment.

Autre innovation : le VIP s’agrandit. Il était temps ! On n’en pouvait plus de se protéger les côtes flottantes pour approcher le bar en esquivant les coups de coudes. Programmation uploadée avec 3 espaces en un : un VIP Diageo, avec notamment les Special Releases à portée de narines, un VIP Grosperrin avec une sélection de cognacs « de dingue », me dit-on (comme s’il était arrivé par le passé qu’on se contente de moins avec Guilhem), et un VIP-VIP, où l’on ne manquera pas – entre autres – les beautés du catalogue créations de LMDW.

Bref, « un WLP fidèle à ses premières amours, à savoir des single casks et des small batches très qualitatifs, officiels et non officiels », résume Thierry Bénitah.

Levez le museau, vous voyez la passerelle ? Elle accueille les participants et les médaillés des World Drinks Awards France. Oui, vous pouvez goûter. Vous apercevez le stand Whisky Mag ? Nous aussi, nous fêtons nos 20 ans, alors on n’est pas hostiles à vos encouragements. Pour vous appâter, nous présentons 40 embouteillages uniques spécial birthday rassemblés sous étiquette Fireworks – 20 whiskies, 10 rhums et 10 « autres » spiritueux.

Whisky français

Sur le plateau whisky, la place dédiée au whisky français ne cesse de croître. Allez faire un tour chez HEPP, TWELVE, LOGOMORPHE/FARONVILLE, LA FERTE, POINTE BLANCHE, TCHANKAT ou PEUREUX, qui exposent pour la première fois. ROZELIEURES dévoile sa gamme relookée dans une nouvelle bouteille, et tellement de nouveautés que je vous résume l’affaire d’un : « Arrêt obligatoire ». Si vous êtes sage, le 18 ans carafe Baccarat tralala est planqué sous la table.

ARMORIK vient avec ses nouveaux batchs : mention spéciale au 15 ans, dont l’assemblage intègre désormais un peu de vinho STR. Et jetez-vous sur le tourbé Yeun Elez Edition Exclusive 100% oloroso brut de fût – bombe. EDDU accueille une référence permanente supplémentaire : Dorn Ha Dorn (« main dans la main » au Breizhistan), finish fûts de pineau des Charentes. Et la cuvée Diamant devient officiellement un compte d’âge (15 ans). Oh yeah, le whisky français prend de l’épaisseur.

FONTAGARD présente son premier tourbé, TORB (oui, gros potentiel de vannes, mais je les adore), très attendu. La distillerie charentaise s’est dotée d’une unité de brassage, les choses sérieuses commencent à peine. Dans le Pas-de-Calais, ARTESIA/TOS lâche pour la première fois les phénols avec son Tourbé, tout simplement.

BELLEVOYE encarafe toute sa gamme, reliftant les jus au passage : à découvrir en big – si vous ratez le stand, ce n’est pas des lunettes mais un labrador qu’il vous faut. Au DOMAINE DES HAUTES-GLACES, on goûtera des ryes Epistémé rond, carré, triangle – si vous comprenez quoi que ce soit à la gamme, merci de me pister pour m’expliquer. On y va de toute façon les yeux fermés et la bouche ouverte, because DHG, quoi.

Irlande

Irlande ? WATERFORD lâche 2 missiles : sa première cuvée en biodynamie, Luna, et un second embouteillage dans la série Heritage, qui ressuscite des orges anciennes, Goldthorpe cette fois – superbe. Si vous loupez le coche, vous ratez votre Whisky Live.

On accueille la jeune distillerie BOANN, qui livre une triade de single pot stills en coup d’essai, avec 3 élevages : marsala, madère et PX (dont quelques fûts de châtaigner pour ce dernier assemblage). Spoiler : il semble qu’ils apportent en outre quelques avant-premières et works in progress.

On connaissait leurs gins Gunpowder, place au whisky puisque DRUMSHANBO/THE SHED sort de ses valises un single pot still intégralement mûri en fûts de porto. Chez McCONNELL’S, en goûtant les blends on en profitera pour discuter de la renaissance de la distillerie Cromac à Belfast… au cœur d’une ancienne prison. Envie de prendre perpète ?

Le reste du monde

Le territoire des whiskies du monde rétrécit comme peau de oui-ouin, mais il fallait bien laisser de la place aux Français *sourire sardonique*. On s’arrêtera néanmoins chez KYRÖ, le temps de poser les lèvres sur le Sauna Stories N°1 : ces diables de Finlandais ont collé leur rye dans un tonneau de rhum jamaïcain Planteray… mis à suer dans un sauna à pleine vapeur.

Rye toujours, mais au Danemark cette fois. STAUNING ajoute à sa gamme permanente un Høst (« récolte »), assemblage à part égal de single malt et de  rye malté intégralement au sol, principalement élevé en fûts neufs de chêne américain et dont une partie est passé en fûts de porto.

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What else, comme dirait George ? KAVALAN souffle ses 15 bougies. RAMPUR livre 2 nouveaux Jugalbandi. AMRUT fait mousser un Stout Cask issu d’une brasserie de Bangalore. Les Belges FILLIERS viennent pour la première fois. Les Anglais de FIELDEN également – c’est la jeune distillerie que Sukhinder Singh cite en priorité quand on l’interroge sur les acteurs émergents (interview à lire dans le prochain Whisky Mag : abonnez-vous !). Ceux de COTSWOLDS proposent un Amber Meadow, 3e opus de la Harvest Series. Bon. Venez, on file au Japon, je vous sens trépidouillants.

Whisky japonais

WLP 2024, les Japonais sortent enfin de leur zone de confort « On est sur le toit du monde, circulez piétaille, on vous sert un NAS ? ». Une excellente nouvelle. SUNTORY joue vraiment le jeu puisque, sur simple réservation d’un créneau horaire au stand, vous pourrez déguster dans un espace privatif la nouvelle salve des Tsukuriwake : Yamazaki Golden Promise, Islay Peated et 18 ans Mizunara ainsi que Hakushu Peated Malt 18 ans. Traduction : à peine arrivé au Live, filez réserver.

NIKKA fête ses 90 ans avec un blend Nine Decades qui « pourrait » se laisser verser au compte-gouttes sur le plateau, et plus sûrement au VIP. Allez découvrir les premiers jus de KANOSUKE, la petite distillerie soutenue par le géant Diageo. Et ne passez pas à côté du Togouchi Mizunara de la distillerie SAKURAO.

A signaler, FUJI vient pour la première fois au WLP : allez papoter technique avec son passionnant master distiller Jota Kanata, qui parle un anglais parfait. Beaucoup de belles choses chez CHICHIBU, mais je ne voudrais pas vous induire en erreur en les citant : une grande partie sera sans doute réservée au VIP. De toute façon, vous ne comptiez pas faire l’impasse.

Whiskies des Etats-Unis

On sent un clair frémissement sur les Etats-Unis. Ne ratez pas TEMPLETON pour son premier WLP. Un tour chez SONOMA qui repackage sa gamme. Et pour échanger entre passionnés, sachez que 3 pointures de l’american whiskeysont derrière les stands : Adam Spiegel (Sonoma), Todd Richman (FEW et WIDOW JANE) et Stephen Beam (YELLOWSTONE, 7e génération d’une famille qui a laissé une petite trace dans le bourbon).

A ce stade, vous aurez en principe les pattes arrières sciées et les lombaires en déshérence. Pause food truck à la Cocktail Street, guys. Et nous voici enfin prêts à arpenter l’Ecosse.

Vive l’Ecosse

Honneur aux nouvelles têtes, HOLYROOD et ISLE OF RAASAY, qui en peu de temps se sont déjà taillé un joli buzz. Parmi les jeunes distilleries, NC’NEAN vient avec une exclu France, Aon, vieilli en ex-fût de cognac de Fontagard. Et ISLE OF HARRIS présente sa seconde expression, un très chouette The Hearach Oloroso que je vous incite vivement à french kisser.

Parmi les poids lourds du Speyside, on couronne cette année GLENLIVET, première distillerie écossaise à passer sous licence légale il y a tout juste 200 ans, qui dévoile un single cask de 24 ans. Chez ABERLOUR, c’est un small batch de 17 ans que vous dégusterez. Et GLENALLACHIE propose un 10 ans Ruby Port.

Sur réservation au stand (c’est la tendance), BALVENIE donne à goûter les 2 derniers single casks de la gamme Stories : A Collection of Curious Casks. Soit un 14 ans Bourbon Barrel et un 18 ans French Pineau. On quitte (de peu) le Speyside pour les Highlands : vous n’oublierez pas de passer voir GLENDRONACH, qui relooke sa gamme et en profite pour réviser ses jus. Chez GLENMORANGIE, le 16 ans The Nectar nouvelle recette ainsi que le über vanillé A Tale of Ice Cream vous attendent.

Dans les îles Orcades, SCAPA opère un retour en fanfare très attendu, avec une nouvelle gamme joliment présentée livrant un 10 ans, un 16 ans (rien à voir avec l’ancienne version) et un 21 ans, non tourbés comme il se doit. Arrêt obligatoire là aussi. Cap sur ARRAN, où la distillerie de Lochranza arrache à ses chais un Barrel Bonfire 11 ans inhabituellement tourbé (42 ppm).

De la tourbe

Et on s’achève sur Islay si vous le voulez bien. LAPHROAIG alignera me dit-on les 2 quilles de sa série expérimentale Elements (un must), ainsi qu’un… 30 ans et « un embouteillage sous embargo ». Pas pu récolter plus de billes, et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Psssstt ! Au passage, on me dit que le 18 ans revient bientôt. Un nouveau trio d’Octomore chez BRUICHLADDICH, je ne vous flèche pas le chemin, vous connaissez.

BOWMORE lève le rideau sur sa nouvelle gamme Sherry Oak Casks, habillée de noir, avec en dégustation les 12, 15 et 18 ans (et « peut-être le 21 ans », me souffle-t-on), tous vieillis en… fûts de sherry, merci à ceux qui ont suivi jusqu’ici sans piquer du nez. Pour récompenser votre attention, je vous lâche un précieux tip : le 29 ans et le 40 ans de la Timeless Series seront servis dans un espace privé – vous connaissez le modus operandi : sur résa au stand.

Inutile que je m’attarde sur Islay, je vous connais : vous allez méthodiquement rincer les stands, nul besoin de vous faire l’article. Toutefois, allez discuter whisky et BTP avec Donald MacKenzie, l’un des ISLAY BOYS derrière la future distillerie Laggan Bay dont les travaux s’achèvent bientôt – ouverture prévue été 2025. Vous en profiterez pour goûter sa gamme.

Un dernier souffle de tourbe pour la route ? Big Peat fête ses 15 ans avec ce compte d’âge précis dont l’assemblage a été majoritairement affiné en fûts de vin rouge espagnol. Beaucoup de jolies choses par ailleurs chez DOUGLAS LAING : prenez votre temps sur le stand. D’autant que, côté négoce, hormis ARTIST COLLECTIVE et BERRY BROS, tout le monde se retire sur l’Aventin du VIP. Protégez ceux qui restent sur le plateau : espèces en danger !

Du rhum, mais pas que

Un peu de rhum, vite fait ? Attention, comme l’an passé, une partie des stands est à l’étage et l’autre en bas, il faut fouiner. Parmi les nouveaux venus, saluons FAMILLE RICCI, LES CHAIS SAINT-ELOI, PURA VIDA (qui remplace Pasador de Oro) – et le retour de BIELLE.

Vite fait en passant, je vous signale chez BARBANCOURT un 15 ans finish double ration de fumée en fûts de Lagavulin ET de Laphroaig. Chez SAINT-JAMES, un rare Single Cask 2003 de 18 ans (dépoté fin 2021). Chez SANTA TERESA, un Arabica Coffee Cask Finish. Chez HAVANA CLUB, du nouveau dans la gamme Icónica. Chez PLANTERAY, quelques embouteillages prestige : un Barbade 2004 brut de fût, un Clarendon MLC (alerte high ester) et un Fidji 2001 100% pot still. Last but not least, chez HAMPDEN, une nouvelle expression 1753 rejoint la gamme permanente.

Vous me remercierez de ce conseil : s’il vous plaît please por favor, passez du temps à explorer les armagnacs, les cognacs, les calvados, les eaux-de-vie de fruits, et attardez-vous au carré TAG (The Avant Gardist). Un vivier de maisons artisanales – DARTIGALONGUE, LE DOMAINE CHARRON, L’ENCANTADA, CHRISTIAN DROUIN, ROGER GROULT, NUSBAUMER… – vous attireront sur d’autres sentiers de dégustation. Ces petits producteurs sont précieux, partez à leur découverte, encouragez-les à revenir. Et quant à nous, on se voit ce week-end.

 

www.whiskylive.fr

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