Tour d’horizon des actualités produits, marques, distilleries et business autour de notre spiritueux favori. Attention: un ou deux intrus se sont incrustés dans le malt.
Du nouveau à LMDW
Beaucoup de nouveautés repérées à l’événement La Maison qui, comme les hirondelles, annonce le printemps – mais dans les spiritueux plutôt que dans les campagnes. Je vais donc me concentrer sur mes coups de cœur et les curiosités. Une pure merveille m’a laissée en lévitation, shakras sur courant continu: Daftmill 15 ans <3 <3 <3 Pour la première fois dans l’histoire de la petite ferme-distillerie des Lowlands, une barrique de xérès (PX) s’est invitée dans l’assemblage de 20 fûts. Un single malt à l’ancienne, cireux, l’âme des whiskies des 70’s.
Autre joie+++ liquide: chez Elixir Distillers, dans la collection Macbeth aux étiquettes superbement illustrées, demandez Servant, un Clynelish de 14 ans mûri en fûts de bourbon first fill et enflaconné à 55,1%. Encore que Second Witch, un Laphroaig 26 ans (49,5%) mentholé, vous laissera entrevoir un éden oublié.
Holyrood, la distillerie d’Edimbourg, joue avec le malt torréfié, les levures vinicoles et les fûts d’oloroso pour un Pitch très chocolat-moka-cassis – fort sympathique, ma foi.
Port Askaig (Elixir Distillers) déroule un 25 ans qui sent le pansement: un Laphroaig très médicinal, d’une incomparable douceur en bouche, sur un fondu où la tourbe s’efface presque. Le 15 ans – un Caol Ila cette fois – salin, iodé en diable, joue en Premier League lui aussi (pour 200€ de moins que le précédent… soit 150 €. Diantre.).
Murray McDavid nargue ses collègues embouteilleurs indépendants avec des petits whiskies qui font le job à prix tout doux. On notera l’arrivée de Smoky Scot, une expression tourbée cendrée, boule de suif (un Caol Ila, en vrai – 46%) à moins de… 40 €. Futur carton auprès des peat freaks (faites le test!).
Au rayon nouveau monde
Aperçus chez The Avant Gardists (TAG), un single malt italien de la distillerie Florentis, qui a posé ses alambics à Florence même. Un finish en super toscan lui écrabouille un tantinet l’esprit, mais à suivre par curiosité.
La distillerie St Kilian, l’une des plus importante d’Allemagne (où quelque 300 distilleries produisent du whisky…) avec ses 600.000 LAP de malt annuels, arrive en France via LMDW. A surveiller de près – on les verra au Whisky Live Paris.
Deux très beaux single casks de 8 ans chez Chichibu, un tourbé et un non-. Une nouvelle marque irlandaise, Element, arrive avec un blend et un single malt, triple distillation, doux et légers, jolies bouteilles.
L’Irlande serre les dents
Tout comme son voisin écossais, l’Irlande freine des 4 fers face à la menace de surproduction. Après le dépôt de bilan de Waterford, Pernod Ricard a mis sur pause les travaux d’agrandissement de Midleton, la distillerie de Jameson, et stoppé la production jusqu’à cet été. Et Tullamore Dew (William Grant) coupe une partie de ses alambics pour les 3 mois qui viennent.
Le whiskey irlandais, dont le marché états-unien forme le premier débouché (et de loin), se trouve en outre pris entre deux salves de canon: l’Irlande du Nord, partie intégrante du Royaume uni, se verra impactée par des barrières douanières de 10%. Alors que la République d’Irlande, encaissera les tariffs punitifs doublés à 20% qui frapperont l’ensemble de l’Union européenne. Hold my whiskey.
Mercato distribution, suite et pas fin
Le grand jeu de bonneteau dans la distribution se poursuit. Moyennant quoi, les scotches de Ian Macleod quittent Dugas pour se réfugier en grande partie (Tamdhu, Glengoyne, Rosebank, Smokehead…) chez Whiskies du Monde.
Le scotch baisse ses prix
Les géants du whisky écossais ont pris la mesure de la crise et, après des années de premiumisation douloureuse pour le portefeuille des amateurs, les prix commencent à baisser. Parfois avec entrain: Glengoyne 12 ans perd pas loin de 10€, de même que Smokehead, la tête brûlée des amateurs de tourbe (moins de 50€ désormais). Lagavulin 16 ans et Talisker 10 ans s’allègent de quelques menus euros, tout comme Compass Box ou Lagg, le tourbé d’Arran. Signatory Vintage joue le jeu plein pot: un Speyside M – on n’a pas le droit d’écrire que c’est du Macallan – sherry 15 ans à moins de 80€, ça ne s’est pas vu depuis quand?
Benriach en profite pour repositionner sa gamme: les 10 ans sortent de la grande distribution pour rejoindre le réseau cavistes, les 12 ans passent sous la barre des 60 € (environ 53€ pour le Three Cask Matured et 57€ à la louche pour le Smoky). The Sixteen (16 ans), qui avait vu un peu grand lors de son lancement, chute de 102€ à 89€. Et le joli Smoke Season se placera désormais sous les 65€. J’applaudis des deux moufles.
Buffalo Trace prend l’eau
Ravagée par les pluies torrentielles qui ont fait sortir de son lit la Kentucky River, Buffalo Trace a dû fermer temporairement ses portes. Les images filmées par drone sont spectaculaires. En février déjà, la distillerie avait encaissé un méchant glissement de terrain post-déluge. Le Kentucky, qui distille à lui seul plus de 90% du bourbon aux USA, attend de voir la 2e chaussure tomber dans la guerre des barrières douanières. Ou pas.
Quoi de neuf dans la whisky français
Le camarade Guillebon est parti fureter sur les routes d’Armorique pour vous livrer un Whisky Mag spécial whisky breton: abonnez-vous! Côté liquides, Twelve, la distillerie de Laguiole, fête son arrivée sur TAG avec une référence d’entrée de gamme: 42° (c’est son nom). La Roche aux fées suit le même mouvement: plus besoin d’attendre les vacances en Bretagne pour poser les lèvres sur leur Roc’Elf.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, la distillerie Lachanenche livre le millésime 2025 de son Laverq (46%), vieilli en fûts de vins blancs dans un ancien tunnel ferroviaire perché à 1.000 m d’altitude: fruits secs, noix, amandes amères, le tout généreusement épicé servi sur caramel beurré – bref, un excellent investissement à ne pas laisser dormir.
Chez T.O.S., Artésia s’habille en double maturation ex-bourbon/ex-moscatel (47%). Gourmand, rond, fruité mûr, pointe exotique coulée dans le miel. Je vous révélais leur existence dans ma dernière salve de scoops & news, mais les rhums Nazka vieillis en fûts de whisky lorrain par Rozelieures ont pris du retard. Pour patienter, un single malt fût unique marsala se pointe en avril.
Oups, du gin !
Je sais: je vous promets du 100% whisky et voilà que subrepticement je vous glisse un gin. Mais c’est un Citadelle, une édition limitée, une exclu distillerie – quelques bouteilles trouveront refuge à la boutique LMDW Odéon, chut, je ne vous ai rien dit. Bref, laissez-moi vous présenter Maisonnette édition n°2, parée de boutons de jasmin, de yuzu marocain et de thym poivré. Enfin le printemps!
Restons sur le gin, qui se porte toujours taille haute en France. Warenghem vient de lancer Archipel, tout en planchant au sein de son Lab expérimental sur une recette plus sophistiquée à destination du réseau cavistes. Un appel à mettre les voiles pour le moment réservé à la clientèle estivale des biscuiteries bretonnes et à quelques boutiques de spiritueux. Bientôt l’été!