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Nous voici arrivés à « cette période de l’année » où il faut monter le chauffage, valse-hésiter entre le chapon et la dinde, friser le Bolduc sur le papier cadeau jusqu’à en risquer la crampe. Et dresser des listes à l’attention des Hautes Puissances Fictives – nan, pas le président de la République : le Père Noël. Besoin d’aide ? Ma liste de suggestions parmi les nouveautés de l’année encore disponibles, scindée en 2 parties : les whiskies français d’abord, et les whiskies du monde – Ecosse, Irlande et tous ces petits pays qui se piquent de distiller le malt.

WHISKY FRANÇAIS

Artesia Whisky Tourbé

TOS (The Other Side) est sans doute l’une des distilleries que j’ai le plus de plaisir à suivre en France. Dans leur gamme Artesia, ces crazy ch’tis se fendent d’une édition tourbée baptisée avec beaucoup de hardiesse… Whisky Tourbé. Foin de plaisanterie, c’est une franche réussite ! Malt écossais et fûts de bourbon : le duo gagnant pour ce single malt gras, fumé, caramélisé, aux notes de bacon sur trame végétale. • 46%, 75€.

Armorik 10 ans

On commence à voir, avec une régularité bluffante, des choses magnifiques chez les Bretons de Warenghem ! Le batch 2024 du 10 ans en fait partie, sans l’ombre d’un doute. Concentré, intense, structuré par le bois précieux sur lequel dansent le miel, la confiture de fruits exotiques, les épices, le tabac blond, la mandarine et le cake aux raisins : le plus joli batch à date du 10 ans – à mon humble avis (et c’est bien ce qui compte). Si vous pouvez casser votre cochon-tirelire, le 15 ans 2024, plus tropical encore, est superbe. • 46%, 60 €.

Ninkasi Whisky

Pour moins de 25 €, Ninkasi livre une sacrée bonne affaire, à dénicher en grandes surfaces : un Whisky (c’est son nom, et j’espère que les équipes marketing vont palper une prime pour cette audace) gourmand en diable mais nullement tapageur. Cake aux fruits secs épicés, noix fraîches, nougat vanillé, toffee pudding… La petite quille qui incite à refaire le monde (en mieux) entre potes. Prévoyez du papier cadeau pour emballer la bouteille, dont l’étiquette rose qui pique les yeux mérite d’être planquée. Livrée sans étui, mais il suffit de l’emballer comme une piñata  – sans les coups de battes pour l’éclater. • 43,5%, 25€.

BM Signature 8 ans

Vous attrapez le clavelin de 5 ans, 8 ans ou 12 ans, peu importe : c’est bon. En majuscules. BON. Distillation en colonne armagnacaise, élevage en fûts de macvin, vin jaune, vin de paille… Malgré la fermeture de sa distillerie, et grâce à ses stocks pléthoriques, Bruno Mangin aka le King a fait du whisky jurassien qui porte ses initiale un must auprès des amateurs de ouiski french – et au-delà. • 42%, 72 € le 8 ans.

Fontagard TORB 9121-1

Durant quelques mois dans l’année, Fontagard offre à ses alambics charentais le kiff de distiller un truc bien plus poilant que le cognac, j’ai nommé : le whisky. Avec ce premier tourbé, TORB 9121-1 (c’est son nom – je sais, je me répète), orge française, vieillissement en fûts neuf puissamment chauffés et ex-barriques de cognac, Adrien Granchère et son équipe travaillent la fumée en subtilité, sur des notes douces, pomme croquante, vanille, feuilles de figuier, zestes de citron sous les flamèches de feu de bois. • 45%, 60€.

Domaine des Hautes-Glaces Vulson Single Spelt

Ce n’est pas un whisky puisqu’il n’a pas vieilli, ce n’est pas une vodka puisque c’est bon. C’est peut-être un whisky avant le whisky, qui sait (lire le post de Matthieu Acar, spécialiste du whisky français), un proto-whisky de grand épeautre, une blanche explosive, vive et follement aromatique qui vous roule dans les champs et vous fait croire, gorgée par gorgée, à un monde plus fécond. Profitez-en pour lire l’ouvrage Whisky de montagne, dans lequel Frédéric Revol, le fondateur du Domaine des Hautes-Glaces, retrace son combat pour replacer le whisky au cœur de la terre : on se régale. • 43%, 75€.

WHISKIES DU MONDE

Waterford Heritage Goldthorpe

Elle vient d’être placée en redressement judiciaire mais, surtout, n’enterrez pas Waterford, l’un des plus passionnants projets de ces dix dernières années ! A côté de ses single farms puis de ses cuvées « de terroir », la distillerie irlandaise a initié une gamme Heritage pleine de promesses, qui ressuscite des orges anciennes disparues. Après Hunter, place à Goldthorpe, variété qui connut son heure de gloire au XIXe siècle. Un petit miracle de whisky végétal, gras, avec une pointe d’acidité, de rhubarbe, de la miche rustique, de la pomme cuite caramélisée piquée de clous de girofle, d’amande amère. Soutien inconditionnel : votez Waterford ! • 50%, 113€.

Ex Libris Old Potrero The Call of the Wild

Je vous ai dit ici tout le bien que je pensais de ce rye californien embouteillé par LMDW sous les titres d’œuvres de Jack London. J’insiste. Lourdement. Vous me remercierez.

Scapa 10 ans

Totalement fan de cette nouvelle gamme superbement reformulée et repackagée. « L’autre perle des Orcades » méritait des single malts à la hauteur de son histoire, et c’est désormais chose faite. Mieux : la triade 10, 16 et 21 ans a intégralement mûri en ex-fûts de bourbon (cela devient rare), flattant le caractère exotique de Scapa sans le dénaturer. On se jettera sur le 10 ans, d’une fraîcheur et d’une élégance sans défauts. Mangue, abricot, pêche de vigne se frottent au miel subtilement épicé et vanillé, sur un soutien de bois de santal. Quelle classe ! Un whisky à l’ancienne, terriblement moderne. Pour le double et le quintuple de son prix, le 16 ans et le 21 ans sont tout aussi merveilleux. (Note à moi-même : clôturer le PEL.) • 48%, 60€.

Fielden Rye Whisky

Un rye (yeah !). Anglais (Oh ?). Cette distillerie, qui travaille seigle et blé locaux cultivés ensemble dans les mêmes champs et récoltés à l’unisson, joue avec les levures et distille aussi bien en pot still qu’en colonne, s’est fait une spécialité des whiskies de seigle joyeux. On craque pour ce Rye Whisky (voyez, les Anglais aussi souffrent sur le naming du whiskiing) herbacé, terreux, épicé, sur le pain rustique et la crème de châtaigne vanillée. • 48%, 69€.

Raasay Virgin Colombian Oak

La distillerie insulaire, bras détaché de l’île de Skye, poursuit ses aventures dans les bois à travers sa « Oak Species Maturation Series ». Ce vieillissement intégral en chêne colombien (Quercus Humboldtii pour se la péter) tourbé, gras, à l’alcool bien intégré, laisse jaillir la céréale sur les sucs de chêne, la confiture de mûres, la crème caramel, le cuir et le poivre gris. Très fin, très joli : une expérimentation réussie. • 50,7%, 95€.

Artist Collective Caol Ila 8 ans 2015

Une petite cuvée (6 fûts) à la robe presque cristalline : n’était la bourrasque de tourbe qui débonde du verre et vous enfume la pièce en deux coups de cuillères à pot, on croirait s’être servi de l’eau. Caol Ila est l’epitome du single malt dont il n’existe aucune version médiocre – un bonheur pour le négoce. Le voici dans une incarnation jeune et vive comme un feu follet, cendrée, citronnée, généreusement poivrée sous les moletons de tourbe. • 43%, 80€.

James Eadie Ben Nevis 8 ans Small Batch

Miam ! L’embouteilleur indépendant a assemblé de jeunes malts non tourbés piochés chez Ben Nevis pour offrir une vision fruitée mais corpulente de la distillerie des Highlands. De la fraîcheur, du fruit (feuilleté aux pommes, poires tout juste tombées de l’arbre), du miel en veux-tu, en voilà, de l’alvéole de ruche… Le tout passé en hogsheads de bourbon first fill et en sherry butts refill – mais le xérès se pointe en soutien, sans écrabouiller l’assemblage. Re-miam. • 46%, 69€.

Ardnahoe Inaugural Release

Si la 9e distillerie d’Islay avait fricoté avec Ardbeg, les marmots ressembleraient sûrement à cela ! Le premier single malt de la distillerie d’Hunter Laing lâche une doudoune de tourbe cendrée sur la confiture de fruits rouges, les quetsches, les zestes de citron, le cuir, un soupçon de chocolat. Re-tourbe et fermez le couvercle ! Très, très chouette coup d’essai. L’occasion de s’offrir un « batch inaugural » sans y laisser un demi-smic. • 50%, 95€.

Filliers Cask Strength

L’une des belles découvertes du dernier Whisky Live Paris, grâce à l’ami Roger Caroni qui m’a traînée de force vers le stand de Belgianie. Au milieu d’une gamme de single malts et de ryes bien ficelée, « the » nouveauté : ce Cask Strength assemblage de whiskies de 9 à 14 ans élevés en fûts de PX – mais attention, nulle sucrosité qui tabasse sous la robe noire comme l’encre dont on écrit les belles histoires. Les watts arrivent au degré naturel, parfaitement fondus dans les fruits confits épicés. Une sherry bomb qui choisit de ne pas exploser mais lance le compte à rebours sur les papilles. • 58,5%, 79€.

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