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La scène whisky aux Etats-Unis livre probablement certains des liquides les plus excitants du moment. N’attendons pas pour en explorer l’offre, car l’actualité internationale plus volatile que des alcools sup’ et l’élection de Trump à la Maison-Blanche pourraient bien l’assécher d’ici quelques mois.

Au dernier Whisky Live Paris, les stands réunis sous bannière USA proposaient sans doute certains des liquides les plus excitants du moment, avec une énergie, une qualité et une créativité bienvenues.

Comme le faisait remarquer Thierry Bénitah, patron de LMDW, dans un long entretien, le marché intérieur américain commence à saturer, alors que l’inflation a sabré dans le pouvoir d’achat, et les producteurs cherchent des débouchés à l’export.

Profitons-en pour explorer l’offre « niche ». En vrac et dans le désordre ? Les Californiens de Sonoma, qui distillent intégralement en pot still, proposent un amusant California Smoked Rye 80% seigle, 10% blé et 10% orge fumée sur bois de cerisier – alternative à la tourbe. Ainsi qu’un California Rye 100% seigle (à 80% non malté) qui vous envoie une miche rustique dans le verre. J’adore.

Cœurs sur le rye

Rye toujours – l’un de mes péchés capiteux. Templeton, dans l’Iowa, distille désormais maison depuis 2018, sur des recettes 95% seigle non malté et 5% orge maltée. Honneur au Rye 6 ans, fruité et épicé, parfait pour les Sazerac à un prix qui ne vous colle pas sur le foin. La paille ? Bref, moins de 50€. Le même 6 ans existe avec un finish tequila extra añejo qui perd ses épices au profit de notes tropicales. Seul le 10 ans (52%) est encore sourcé chez MGP.

Une confidence ? Je suis tombée amoureuse, et ils sont trois. Don’t judge me. Embouteillés par LMDW pour son catalogue Créations Foundations 2024, dans la collection Ex Libris, les 3 ryes Old Potrero distillés en pot stills, à l’ancienne, par Anchor Distilling à San Francisco sont de pures merveilles qui, bonus, reprennent les titres d’œuvres de Jack London. Coup de foudre pour mon âme sœur, le monstrueux 9 ans 2014 The Call of The Wild (L’Appel de la forêt).

Rye encore, because… Because. FEW (Illinois) se risque sur le bizarre, avec son délirant Immortal Rye, une base straight rye brut de flûte réduit avec une extraction à froid de thé oolong 8 immortals. Ne me demandez pas comment le liquide peut s’appeler officiellement « whiskey », alors que le thé joue sur l’aromatisation – fût-ce en l’occurrence légèrement.

Restons sur les curiosités. Les fans de parachute ascensionnel sauteront sur le Campfire d’High West. La distillerie de l’Utah marie bourbon, rye et scotch tourbé dans cet assemblage à la fois rond, épicé et… tourbé. Forcément.

Cap sur les valeurs sûres

Au rayon valeurs ultra-sûres, on se dirige vers Buffalo Trace (qui déployait une incroyable salve de son Antique Collection au WLP), Michter’s (miaou !), Willett (miaou aussi !) – et Weller si l’on apprécie les wheated bourbons, ceux dont la céréale majeure, après le maïs, est le blé. Pour les finishes décalés et les édition Boss Hog dégoupillées, cap sur Whistle Pig, dans le Vermont.

Avec Two Worlds, Ashley Donahey a créé « le premier whisky américain calibré pour les palais français », habitués à davantage de complexité que la sacro-sainte trinité chêne épicé-caramel-vanille. La 2e édition de son 4-grains La Victoire (qui incorpore un whisky de blé de 11 ans) fait bien plus que le job avec son profil tarte tatin, boîte à cigare, noisettes épicées livré à 57,5%. Top !

« On sent un intérêt pour le whisky américain, avec un regard qui a changé, qui nous place désormais à l’égal du scotch », confie Stephen Beam, master distiller de Yellowstone, élaboré au Kentucky par Limestone Branch. On se jettera sur son très chouette Select, un straight bourbon (46,5%) classique bien ficelé, ou sur l’American Single Malt 108 Proof (54%), céréalier en diable, miellé, joliment épicé.

Le single malt américain, koi t’est-ce ?

Le single malt américain, voilà bien la grande tendance du moment, à ne pas confondre avec le « malt whiskey ». Le second contient un minimum de 51% d’orge maltée et doit maturer en fûts neufs carbonisés, alors que le premier est intégralement élaboré à base d’orge maltée dans une seule et même distillerie et peut vieillir en fûts de réemploi – du moins si l’on se fie au succinct projet de définition de l’American single malt soumis par le TTB, organisme régulateur des spiritueux américains, en 2022.

Car, deux ans plus tard, la catégorie n’a toujours pas d’existence officielle, le cahier des charges se fait toujours attendre, alors que l’American single malt enregistre l’une des plus fortes croissances du marché, et s’installe jusque dans les portefeuilles des Big Guns – Jack, Jim, Bulleit… En France, on ira les goûter chez les distilleries de la côte nord-ouest Westward (Portland) et Westland (Seattle), qui s’en sont fait une spécialité, ou chez Balcones (Texas).

Un conseil amical ? Faites des réserves sans trop traîner. Depuis l’élection de Donald Trump, l’industrie des spiritueux se prépare à encaisser au printemps une nouvelle guerre des barrières douanières entre les Etats-Unis et l’UE – traduire : les prix vont augmenter méchamment. La dernière, en 2018, avait stoppé net l’aventure du craft whisky américain en Europe. Brutal.

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